Lever du soleil
Embrasement du ciel noir
Odeur de café
Alice
Lever du soleil
Embrasement du ciel noir
Odeur de café
Alice
Un pauvre petit grillon
Caché dans l'herbe fleurie,
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L'insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;
L'azur, la pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
Je n'ai point de talent, encor moins de figure.
Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici-bas :
Autant vaudrait n'exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d'enfants :
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets servent à l'attraper ;
L'insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d'efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons caché.
Fables Livre II
Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755-1794)
L’homme qui avait perdu son sourire
- Bonjour Mademoiselle !
- Bonjour Monsieur, répond la jeune fille d’un sourire emprunté
- Pouvez-vous me prêter votre sourire, je viens de perdre le mien
- Je ne sais, dit-elle d’un sourire embarrassé
- Qu’à cela ne tienne, puis-je vous en débarrasser !
- Je ne vois pas comment dit-elle le sourire aux lèvres
- En le déposant ici, dans le creux de mes mains
La jeune fille se penche, pose délicatement son sourire dans le creux des mains de l’homme Aussitôt, le sourire, léger, s’envole, tournoie dans le ciel au-dessus de leurs têtes.
Et tous deux, courent, sautent pour l’attraper, en vain, le sourire, joyeux monte peu à peu.
La tristesse les envahie soudain
Comment vivre sans un sourire ?
Et puis s'élèvent leurs éclats de rire
Sous le sourire.
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Le propre des sous-bois, la clarté de l’eau
Le silence du paysage, l’harmonie des couleurs,
Peu de désordre dans l’atmosphère émeraude.
Le promeneur appuie ses mains pâles sur le parapet du pont japonais et cède au mystère de la nature qui l’entoure.
Le gris du ciel s’accorde à l’onde miroitante, l’eau
glisse entrecoupée par les pierres, sans jamais s’arrêter,
car elle sait où aller.
Cette fluidité rend au voyageur ses doutes, ses incertitudes
Devant l’indifférence du paysage étranger,
son regard oublie, pour s’attarder à
l’ombre des branches basses sur la rivière, au vol
d’une feuille, au vert des mousses grandissantes sur les pierres.
Ce sont des traînées vivantes sur ses pensées.
Il se souvient des promenades en forêt de son enfance,
des conversations avec ses proches . Sensible à l’harmonie
sourde des éléments, son être se détend , des évidences se dessinent.
Sur le chemin du retour, le promeneur sourit.
Pour la dernière proposition de Juliette pour Papier Libre : "Rêver, raconter le petit pont japonais"
- Vous reprendrez bien un peu de thé ? Propose aimablement le Samovar,
- Volontiers, acquiesce la Tasse de Chine charmée,
- Vraiment il y en a qui ne font que se prélasser maugrée la Machine en plein essorage,
- Taisez-vous donc et écoutez-moi plutôt, sonnent les six heures de la Pendule,
- Toujours à attirer l’attention sur elle, ironise le Canapé, je prends le temps moi, et l’on m’oublie parfois,
- Faites la paix, ne vous disputez plus, sourit le Bouquet de fleurs, et toutes les Fleurs de s’incliner gracieusement,
- C’est vrai çà ! Respectez ceux qui travaillent ! Coupe d’une voix fluette, la Danseuse virevoltant sur le miroir de la boîte à musique, sans cesse vous nous narguez !
- Je suis si fatigué soupire l’Homme plié posé sur le buffet.
- Tout de même, vous exagérez dit le Tableau, regardez-moi : « Ce dimanche à la campagne en famille » un bel après-midi d’été,
- Bien d’accord avec vous, Tableau ! Murmure à voix basse la Bibliothèque.
- Je suis si fatigué soupire à nouveau l’homme plié posé sur le buffet.
- Il y a de l’électricité dans l’air dit le chat au poil hérissé.
- Et si je jouais un air de guitare, propose la petite fille en berçant sa Poupée
- Oh oui, répond celle-ci en clignant délicatement les yeux dans un demi-sourire béat.
- Je préfère le piano s’exclame son frère !
- Une autre fois, admit la petite fille.
alice