Enfance est la première œuvre de Tolstoï, rédigée à 24 ans. Tolstoï dans ce livre qui est une fiction se projette dans l’enfant de 10 ans, Nicolas Irteniev . A travers la vie de l’enfant que nous suivons dans une journée complète qui se déroule sur treize chapitres, nous découvrons les coutumes russes d’une famille aristocratique vivant à la campagne, puis pour les études des enfants, se déplace à Moscou, où fêtes et bals se succèdent. Enfin, le décès de sa mère restée à la campagne, verra le retour de la famille .
Tolstoï étudie l’univers spirituel de l’enfant et son développement psychologique. Un sujet qui lui tient à cœur puisqu’il ouvrira une école pour les enfants des paysans de son domaine et créera des méthodes éducatives adaptées à leur société.
L’écrivain écrira des livres étroitement liés à sa vie en Russie : les guerres, les conflits entre les propriétaires et paysans, Il y dénonce l’artifice des conventions qui régissent les classes privilégiées. Après son mariage avec Sophie Behr, il entame les grands romans Guerre et Paix, achevé en 1869, puis Anna karénine (1873-1877). Tolstoï en 1877 entre dans une période de grande dépression ; il pense que la foi peut l’aider et rédige sa propre religion et ses principes. D’autres thèmes touchant à la vie du peuple russe frappé par la famine le mène à « Que devons-nous faire ? » (1883) Il continuera à publier des livres jusqu’à la fin de ces jours (1910) sur les structures sociales de la société russe.
A propos de son écriture, cette citation en donne une réalité :
« Quand on lit Dostoïevski, on croit entendre l’auteur haleter, en proie à une passion inavouable, quand on lit Tolstoï, on écoute le souffle régulier du marcheur qui avance sans se presser sur la grande route ». Henri Troyat
Extrait d’Enfance
Chapitre II Maman
« Ma mère était assise dans le salon et versait le thé ; d’une main elle tenait la théière, de l’autre le robinet du samovar d’où l’eau coulait, débordant de la théière sur le plateau. Mais, quoiqu’elle regardât avec attention, elle ne s’en apercevait pas ; elle n’avait pas remarqué non plus notre arrivée.
Tant de souvenirs du passé surgissent lorsqu’on essaye de ressusciter en imagination les traits d’un être aimé qu’on voit ceux-ci confusément à travers ces souvenirs comme à travers des larmes. Ce sont les larmes… de l’imagination. Lorsque je m’efforce de me rappeler ma mère telle qu’elle était à cette époque, je vois seulement ses yeux marrons, qui exprimaient toujours la même bonté et le même amour, un grain de beauté qu’elle avait sur le cou, un peu plus bas que l’endroit où bouclaient de petits cheveux, son étroit col blanc orné de broderies, sa main sèche et tendre qui me caressait si souvent, que si souvent je baisais ; mais l’expression d’ensemble m’échappe. »
Tolstoï a perdu sa mère la comtesse née princesse Marie Volkonski à l’âge de deux ans, et son père le comte Illitch Tolstoï à l’âge de 9 ans. La littérature est d’abord pour le jeune Tolstoï un instrument d’auto-analyse et d’auto-détermination.
Pour en savoir plus sur le contexte historique de Guerre et Paix : une carte animée
http://www.histoirealacarte.com/demos/tome01/index.php
Sur la propriété IsnaIa Poliana, visite de la maison de Tolstoï
http://www.russie.net/russie/yasnaia_poliana.htm