Drôlerie, cocasserie, badinage chez les auteurs japonais
A un piment
Ajoutez des ailes
Une libellule rouge !
Matsuo Bashö
Une fleur tombée
Remonte à sa branche !
Non ! c’était un papillon
Moritake (trad. R. Munier)
Les humains passe encore
Mais pas même les épouvantails
Ne sont droits
Kobayashi (trad. R. Munier)
Parti voir la lune
Sôseki a oublié
Sa femme
Sôseki (trad. R. Munier)
Martin-pêcheur regarde
Comme je suis beau dit le poisson
Qui plonge aussitôt
Shiki (trad. R. Munier)
La femme étant sagace
Impossible de lui vendre les feuilles
D’automne
Anonyme XVIII-ème s. (trad. J. Cholley)
- Extrait du Livre blanc de Töhö, un disciple de Bashö : «(…) un esprit badin (fait) un bon poème ; (…)l’absence de badinage (fait) un mauvais poème. »
Source : http://www.haikunet.org/pages/01c_amusant_haiku.htm
Poésie du Jeudi chez les Croqueurs de mots, thème « Aiguille » proposé par Tricôtine
Par le chas de l’aiguille
J’ai vu un paysage
de gros nuages
Secoués par le vent
J'ai vu tomber
Des rires et des rêves
Perles cotonnées
J’ai ramassé les morceaux
Bouts de papier,
Mots en couleur
Notes de musique
Plumes d’oiseaux
Par le chas de l’aiguille
J’ai vu la terre ensoleillée
Alice
Chez les Croqueurs de Mots, défi n° 65 proposé par Tricôtine
ESQUISSE
Il ne fallait pas tenir le fusain sur le fil mais bien à plat pour esquisser le modèle. J’avais les nerfs en pelote devant l’inconnu de ce matériau, qui traçait lourdement sous mes doigts malhabiles les contours du personnage central. Etonnant tableau, l’alchimie du tissu de l’artiste et de son modèle avait traversé les siècles. Ce jour-là de septembre, une chaleur torride emplissait la pièce de l’atelier, et la sueur perlait au front de nombre des participantes appliquées. Au fur et à mesure que j’avançais dans ce premier brouillon, c’était de plus en plus coton. Après les courbes des épaules et des manches, je laissai les mains de côté, me contentant d’ovales blancs. J’ajoutai les boutons de fleur sur sa robe qui ressemblèrent ô horreur à des petits dés de jeu. Impossible de former au fusain, les cercles délicats ombrés. Tandis qu’elle me dévisageait, un mince sourire aux lèvres, je pensai que cela ne lui aurait pas trop plu, elle, une femme « patron » de se voir ainsi représentée. J’espérais, qu’elle eût le sens de l’humour. Le bruit d’une scie à bois, retentit dans le silence. Je jetai un regard par la fenêtre, les verts éclataient sous le soleil. Ne désarmant pas, Je tentai de me rattraper avec le paysage en fond du tableau. De vagues aiguilles désignant une vallée boisée vinrent encadrer ma créature bizarre. Le tout était d’essayer !
Alice
Poésie du jeudi chez les « Croqueurs de mots », le thème « Fil » est proposé par Tricôtine
Vivre encore
Ce qu'il faut de nuit
Au-dessus des arbres,
Ce qu'il faut de fruits
Aux tables de marbre,
Ce qu'il faut d'obscur
Pour que le sang batte,
Ce qu'il faut de pur
Au coeur écarlate,
Ce qu'il faut de jour
Sur la page blanche,
Ce qu'il faut d'amour
Au fond du silence.
Et l'âme sans gloire
Qui demande à boire,
Le fil de nos jours
Chaque jour plus mince,
Et le coeur plus sourd
Les ans qui le pincent.
Nul n'entend que nous
La poulie qui grince,
Le seau est si lourd.
Jules Supervielle
Source : http://francais.agonia.net/index.php/poetry/69651/Vivre_encore
Photo personnelle : Port de Guilvinec - Août 2011
Suzâme m'envoie ce poème inspiré par ma photo
merci à toi
Il était une fois un lézard
Qui se cachait parmi les feuilles
La peur d’un pas plus que d’un regard
Puis il a surgi sur la pierre en deuil.
Il était une fois un lézard
Qui s’amusait sur le chemin
La simple joie d’un soleil en retard
Puis il a disparu au petit matin.
Suzâme 28/09/11
Ecorce de platane
L'arbre porte son écorce tatouée de couleur.
Peut-être est-ce l'âme de l'arbre dévoilée ?
Alice (texte republié)
Chez les Croqueurs de Mots, Moog nous propose le thème "Feu de cheminée"
Quand par le dur hiver...
Sonnet
Quand par le dur hiver tristement ramenée
La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !
Par le rêveur oisif, la douce après-dinée !
Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
Au bonheur ! - il ne veut devant sa cheminée
Qu'un voltaire bien doux, pouvant railler le froid !
Il tisonne son feu du bout de sa pincette ;
La flamme s'élargit, comme une étoile jette
L'étincelle que l'oeil dans l'ombre fixe et suit ;
Il lui semble alors voir les astres du soir poindre ;
L'illusion redouble ; heureux ! il pense joindre
A la chaleur du jour le charme de la nuit !
Photo personnelle
Une très jolie animation où l’artiste tient l’automne au creux de sa main