C’était le jour d’avant. Tu étais rentré à la maison, fatigué par ta longue route. La chaleur t’avait abattu. Dans l’entrée fraîche, je t’observais, tu avais maigri, tes traits creusés par le manque de sommeil. Tu t’étais assis à ta place habituelle, silencieux. Plus tard, je t’avais servi ton plat préféré. D’un sourire, tu m’avais remercié et dévoré très vite les mets. Puis tu t’étais levé brusquement, pressé de regagner ta chambre pour dormir.
- Il y a si longtemps que j’en rêvai m’as-tu dit. J’ai eu un pincement au cœur. Il y a si longtemps que tu n’avais pas exprimé une parole douce envers la maison, envers nous. Maintenant, tout allait redevenir comme avant.
Je montai te voir dans ta chambre, étendu sur le lit, ton visage m’apparut serein, seuls les soubresauts de ton corps , dévoilaient tes tracas bien enfouis. Je suis retournée dans le séjour. De la rue, les bruits du marché transportaient de la vie dans la maison. Le soleil inondait la pièce, j’ouvris la radio, une musique latino égaya le vide. Je pris une grande inspiration, absorbant toutes ces petites choses qui m’arrachaient à mes pensées fixées sur toi. Par la fenêtre, l’océan calme, m’apaisait. Je repris mon ouvrage, la pièce de lin blanc s’étalait à mes pieds.
Hier j’ai cru que…. Ce matin, tu avais à nouveau disparu.
Alice le 9 décembre 2012
Atelier d’écriture avec Eric Pessan invité par La Maison des Littératures
Tableau de Pierre Roy – Rue du Port (1943) au Musée de Nantes