Pour Papier Libre, thème « labyrinthe » proposé par Juliette
Dans un parc
Au petit matin, vibre la lumière, le jardin dessine ses ombres fières, au loin le château se dresse, imposant.
Près des arbres feuillus bordant l’allée cavalière, nimbée d’optimisme, j’avance sur le chemin, vers la statue équestre.
Au pied de celle-ci, changeant mes habitudes, je m’engage sous une longue voûte de verdure. Je m’endors un peu en contemplant la monotonie du décor. Est-ce ainsi que je vis ? Quelque part dans le ciel, le cri des corbeaux me fait tressaillir.
L’obscurité descend de cet entrelacs de branches. La pénombre entoure les arbres, m’exerçant à souffler dans un pas accéléré, j’aboutis au pied d’une cathédrale d’arbres austères. L’entrée majestueuse me saisit avec sa vaste ramure frissonnante. Assise, sur un banc-arbre, j’écoute les orgues des frêles feuillages. Un rayon de lumière me guide vers la sortie de cette chapelle inattendue. Une pièce d’eau ornée d’une sculpture d’ange, m’attend sous ce ciel d’après-midi. Je me penche et ne vois qu’un fond noir où nagent quelques algues. Ramassant de petites pierres, je me dirige vers une ouverture mi-roche, mi-arbre, une grotte aux parois obliques.
Au fond, dans les ténèbres de la galerie, l’absence de repères, l’incertitude de mes pas, l’inquiétude m’étreint. Je dispose les pierres sur des rochers plus élevés, cela me rassure.
J’ai l’impression de tourner en rond , en espérant que ce dédale finisse bientôt, je mets toute ma volonté à comprendre pourquoi je me suis mise dans cette situation.
Il me revient mes espérances, l’absence d’étoiles me laisse, désarmée. Qu’est- ce que je cherche dans cet endroit sans ciel ?
Le plafond de la grotte s’abaisse, et je dois me mettre à ramper. Les stalactites me piquent le dos, l’air se raréfie, je descends, descends comme au fond d’un puits et atteins le bord d’une rivière souterraine que je devine au murmure de l’eau contre les parois. L’eau glacée s’incruste autour de mes chevilles. Une forte odeur de moisissure flotte dans l’air pesant et froid. Une pensée me tenaille, qu’allait devenir, cet étrange périple, pourquoi suis-je partie, insouciante, vers ces lieux hostiles. Je relève la tête et décide de continuer. L’eau raidit mes pieds et jambes, le courant effleure mes mains. Du bout des pieds, je tâtonne vers la remontée de l’autre rive. En m’arcboutant aux rochers, j’escalade les pierres aigues. Une montée périlleuse, sur le sol ferme, un noir dédale de murailles se poursuit. Longtemps, j’erre dans les méandres de cette galerie. Une tâche blanche me barre la route. Une porte.
Une porte, elle filtre le son d’un impromptu de Schubert. Le souterrain aboutit dans la salle de bal du château.