Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 mai 2006 1 22 /05 /mai /2006 15:07


La Seine à Rouen La Seine à Rouen par Claude Monet en 1872
"Nous venions de sortir de Rouen et nous suivions au grand trot la route de Jumièges. La légère voiture filait, traversant les prairies ; puis le cheval se mit au pas pour monter la côte de Canteleu.
C'est là un horizon les plus magnifiques qui soitent au monde. Derrière nous Rouen, la ville aux églises, aux clochers gothiques, travaillés comme des bibelots d'ivoire ; en face, Saint-Sever, le faubourg aux manufactures, qui dresse ses mille cheminées fumantes sur le grand ciel vis-à-vis des mille clochetons sacrés de la vieille cité.
Ici la flèche de la cathédrale, le plus haut sommet des monuments humains ; et là-bas, la "Pompe à feu" de la "Foudre", sa rivale presque aussi démesurée, et qui passe d'un mètre la plus géante des pyramide d'Égypte.
Devant nous la Seine se déroulait, ondulante, semée d'îles, bordée à droite de blanches falaises que couronnait une forêt, à gauche de prairies immenses qu'une autre forêt limitait, là-bas, tout là-bas.
De place en place, des grands navires à l'ancre le long des berges du large fleuve. Trois énormes vapeurs s'en allaient, à la queue leu leu, vers Le Havre ; et un chapelet de bâtiments, formé d'un trois-mâts, de deux goélettes et d'un brick, remontait vers Rouen, traîné par un petit remorqueur vomissant un nuage de fumée noire."
 
Emma Bovary - Gustave Flaubert

 

 

Après l'extrait du roman de Flaubert, et de sa chère Emma... je vous invite à franchir la passerelle vers le récit biographique de ma famille.

 

 

 

 

 

La ville de Rouen est un berceau pour développer les cris.

 

 

 

Alice a une vie rituelle. Elever ses trois enfants ne se fait pas sans mal. Parmi la multitude de tâches de la vie ordinaire, elle déteste comme ce matin, monter au grenier pour étendre les lourds draps et puis les redescendre plus tard pour le repassage. Son mari a la corvée du charbon tous les jours. Des allers-retours à la cave avec les seaux de charbons ponctuent ses fins de journée.

 

 

 

A Calais, elle restait toute la journée à l’intérieur, assise près de la fenêtre avec sa pièce de dentelle. A Rouen, elle retrouve sa place près de la fenêtre, quand elle en a fini des travaux domestiques, de la comptabilité, des rendez-vous chez les clients pour établir les devis.

 

 

 

Les bruits de la rue commerçante accompagnent ses points de broderie le soir.

 

 

 

Comme tous les jours, elle descend à onze heures pour faire ses courses, le son des cloches ouvre son départ.

 

 

 

Dans le quartier de la Basse Vieille ville, les marchands de draps s’affairent auprès de leurs clientes. En marchant le long des maisons aux pans de bois, Alice réfléchit au patron de la veste qu’elle veut dessiner sur ce beau drap bleu.

 

Martelant les pavés de son pas vif, elle entre dans les allées colorées du marché, où elle choisit de belles tomates. Sur la place du Marché aux fleurs, elle ne manque pas de tourner la tête vers la statue de Flaubert qui lui donne chaque jour un sourire amical.

 

 Les aiguilles de la cathédrale menacent les nuages ce matin-là, et elle se hâte d’entrer chez le boucher. Sous les coups répétés, les morceaux d’osso-buco s’alignent, Alice en prend deux de plus, car son  mari développe un solide appétit.

 

 Elle  achète des places pour emmener les enfants au cirque Rancy, elle leur dira ce soir, et se réjouit de leurs joies.

 

 En bas de la rue Jeanne d’Arc, la Seine a  sa teinte gris bleu habituelle. Les cargos énormes rangés près du quai se reposent des longues traversées.

 

Alice n’a jamais voyagé à l’étranger. Mais elle vit avec un étranger. L’accent italien, les maladresses de langage, lui rappelle sans cesse l’homme d’ailleurs. Et puis , il lui raconte les montagnes du Tessin, les maisons aux toits de pierre, la rivière où il se baignait et péchait.

 

 

 

Elle avait aimé tout de suite cette grande famille. Elle ne les connaissait pas,  mais tous  témoignaient de l’amitié pour elle et ses enfants.

 

 

 

A Noël, les chocolats de Suisse, étaient dégustés avec vénération plus pour ceux qui les lui avaient adressés que pour la friandise.

 

 

Les cloches de la cathédrale sonnent les douze coups,  il est temps de rentrer.

 

 

 

 Alice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
D'après mes recherches, l'auteur du texte au début du post est Guy de MAUPASSANT. Extrait de « Un normand » – ce conte parut le 10 octobre 1882, dans le journal Gil Blas, sous la signature de Maufrigneuse)
Répondre
A
Vous avez absolument raison, et vous remercie de l'avoir signalé, je n'ai pas réussi à corriger l'article malheureusement.

Présentation

  • : Rêves et écritures d'Alice
  • : Ce blog reflète ce que j'ai envie de partager, à travers l'écriture, tout ce qui vient autour d'elle, livres, musique, peinture, référencement des blogueurs, des sites autour de la création littéraire. Textes et photos protégés sous le n°000477878-5-CopyrightDepot.com
  • Contact

Texte Libre